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Page:Raîche - Les dépaysés, c1929.djvu/48

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les dépaysés


LE DÉPART




NOUVELLE ACADIENNE


Leur maison était aux flancs d’un monticule. À droite s’étendait un verger. Dans la saison des fleurs, l’âme des pommiers entrait par les croisées ouvertes. De l’autre côté, un ruisseau courait sur les cailloux qui riaient aux caresses de l’eau. Un peu à l’écart de la grande route, cette maisonnette et ses dépendances noyées dans la verdure et la solitude formaient un tableau d’une limpidité reposante.

Au moment où commence notre récit, l’hiver était parti par delà les horizons et le printemps était descendu des collines avoisinantes épandant la chaleur sur son passage et verdissant la plaine. Déjà, mille petites plantes harmonieuses couvraient le sol dans leur désir de vivre. De petits insectes aux yeux étoilés regardaient avec étonnement la prodigieuse hauteur de ces brins d’herbe et s’exerçaient sans cesse à y grimper pour avoir une meilleure vue de l’univers. Quelquefois, du sommet de ces formidables pyramides, ils se parlaient entre eux le plus haut qu’ils pussent, car les crépitements du sol couvraient leur voix argentine. Des scarabées et des mouches, nés récemment, patinaient à la surface du ruisseau, épris de leur image qu’ils cherchaient à embrasser. Dans la cour, près de l’étable aux portes