Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome II (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/122

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pour ce voyage ce que fut la sibylle à Énéas, descendant ès champs Élyséens. Carpalim, passant pour la conduite[1] de Triboulet, entendit ce propos et s’écria, disant : « Panurge, ho ! monsieur le quitte, prends milord Debitis à Calais, car il est goud falot[2], et n’oublie debitoribus, ce sont lanternes. Ainsi auras falot et lanternes.

— Mon pronostic est, dit Pantagruel, que par le chemin nous n’engendrerons mélancolie. Jà clairement je l’aperçois. Seulement me déplaît que ne parle bon Lanternois.

— Je, répondit Panurge, le parlerai pour vous tous, je l’entends comme le maternel : il m’est usité comme le vulgaire :

Briszmarg d’algotbric nubstzne zos,
Isquebfz prusq ; alborz crinqs zacbac,
Misbe dilbarlkz morp nipp stancz bos.
Strombtz, Panrge walmap quost grufz bac.

« Or, devine, Épistémon, que c’est.

— Ce sont, répondit Épistémon, noms de diables errants, diables passants, diables rampants.

— Tes paroles sont vraies, dit Panurge, bel ami. C’est le courtisan langage lanternois. Par le chemin, je t’en ferai un petit dictionnaire, lequel ne durera guère plus qu’une paire de souliers neufs. Tu l’auras plus tôt appris que jour levant sentir. Ce que j’ai dit, translaté de lanternois en vulgaire, chante ainsi :

Tout malheur, étant amoureux,
M’accompagnait : onq n’y eus bien.
Gens mariés plus sont heureux :
Panurge l’est et le sait bien.

— Reste donc, dit Pantagruel, le vouloir du roi mon père entendre et licence de lui avoir. »

COMMENT GARGANTUA REMONTRE N’ÊTRE LICITE ÈS ENFANTS SOI MARIER SANS LE SU ET AVEU DE LEURS PÈRES ET MÈRES.

Entrant Pantagruel en la salle grande du château, trouva le bon Gargantua issant[3] du conseil, lui fit narré[4] sommaire de

  1. Reconduire.
  2. (Jeu de mots sur good fellow et falot).
  3. Sortant.
  4. Récit.