Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/304

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Car ainsi que me recommandoys bien de bon cueur à dieu, cryant. Seigneur Dieu ayde moy. Seigneur Dieu saulve moy. Saigneur Dieu oste moy de ce torment, auquel ces traitres chiens me detiennent, pour la maintenance de ta foy. Le roustisseur s’endormyt par le vouloir divin, ou bien de quelque bon Mercure qui endormit cautement Argus qui avoit cent yeulx. Quand ie vy qu’il ne me tournoit plus en routissant, ie le regarde, & voy qu’il s’endort, ainsi ie prens avecques les dens ung tyson par le bout, où il n’estoit point bruslé, & vous le gette au gyron de mon routisseur, & ung aultre le gette le mieulx que ie peuz soubz un lict de camp, qui estoit aupres de la cheminée, où y il avoit force paille. Incontinent le feu se print à la paille, et de la paille au lict, et du lict au solier qui estoit embrunché de sapin faict à quehues de lampes. Mais bon fut, que le feu que ie avoys getté au gyron de mon paillard routisseur luy brusla tout le penil & se prenoit aux couillons, sinon qu’il n’estoit point tant punays qu’il ne le sentit plus tost que le iour, & debouq estourdy se levant crya à la fenestre tant qu’il peult dal baroth, dal baroth, qui vault autant à dire comme, au feu, au feu : et vint droict à moy pour me getter du tout au feu, et desià avoyt couppé les cordes dont on m’avoit lyé les mains, & il couppoit les lyens des pieds, mais le maistre de la maison ouyant le cry du feu, & en sentant la fumée de la rue où il se pourmenoit avecques quelques aultres Baschatz & Musaffiz, courut tant qu’il peult y donner secours & pour emporter ses bagues. De pleine arrivée il tyre la broche ou iestoys embroché, et tua tout roidde mon routisseur, dont il mourut là par faulte de gouvernement ou aultrement :