Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/305

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car il luy passa la broche ung peu au dessus du nombril vers le flan droict, & luy percea la tierce lobe du foy, & le coup haussant luy penetra le diaphragme et par atravers la capsule du cueur luy sortit la broche par le hault des espaules entre les spondyles & l’omoplate senestre. Vray est que en tirant la broche de mon corps ie tumbe à terre pres des landiers, & me fys ung peu de mal à la cheute, toutesfoys non pas grand : car les lardons soustindrent le coup. Puis voyant mon Baschaz, que le cas estoit desesperé, et que la maison estoit bruslée sans remission, et tout son bien perdu, se donna à tous les diables, appelant Grilgoth, Astaroth, & Rapallus par neuf foys.

Quoy voyant ieuz de peur pour plus de cinq solz, craignant les diables viendront à ceste heure pour emporter ce fol icy, seroient ilz bien gens pour m’emporter aussi ? Ie suis ià demy rousty, mes lardons seront cause de mon mal : car ces diables icy sont fryans de lardons, comme vous avez l’auctorité du Philosophe Iamblicque & Murmault en l’apologie de bossutis & contrefactis per Magistros nostros, mais ie fys le signe de la croix, cryant agyos, athanatos, ho theos, et nul ne venoit. Ce que congnoissant mon villain Baschaz se vouloit tuer de ma broche, & s’en percer le cueur : et de faict la mist contre sa poitrine, mais elle ne povoit oultre passer car elle n’estoys pas assez agée, & poussoit tant qu’il povoit, mais ne proffitoit riens.

Alors ie m’en vins à luy, disant. Missaire bougrino tu pers icy ton temps : car tu ne te tueras iamais ainsi, mais bien te blesseras quelque hurte, dont tu languiras toute ta vie entre les mains des barbiers : mais si tu veulx ie te tueray icy tout franc en sorte que tu n’en sentiras rien, & m’en