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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/216

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chambre bleue, en face de votre château lointain comme un rêve, le vrai château de la Belle au Bois dormant !

» Ce pavillon est une ancienne dépendance du domaine de la duchesse de Sauvremieux, m’ont dit vos serviteurs ; elle vous l’a vendu avec des prairies et une garenne où l’on chasse le renard de temps en temps à la mode anglaise, vous et vos amis, sans doute. Je voudrais que le temps de ces chasses ne tarde guère.

» Pauvre folle que je suis !… Devons-nous tenter Dieu ?…

» Je vois de ma fenêtre les premières falaises bordant la mer, puis sur le côté, au-delà des rochers et d’une bande couverte de genêts fleuris, les murailles de votre parc ; plus au-delà encore, à travers une percée dans les arbres, Bryonne, le château drapé de lierre avec deux tourelles pointues. Moi aussi j’ai du lierre autour de moi, c’est comme si vous m’aviez abritée sous un coin de votre manteau… Je suis si confuse quand je pense que ma pauvreté personnelle ne me permettra jamais de m’acquitter envers vous ! Et si j’étais votre maîtresse, je ne ferais point de réflexion. La plus belle femme du monde quand elle donne… ce que vous appelez un crime… se dit qu’elle est quitte !… Moi, je songe toujours à la honte d’être entretenue par vous qui ne m’avez rien pris. Maître, je suis confuse… Oh ! Monsieur, comment faire pour m’acquitter… dites ?…