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Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/104

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UNE AFFAIRE UBU


vendiquer sa place parmi les génies, à côté, ou peut-être même un peu au-dessus d’Aristophane et de Rabelais, de Shakespeare et de Molière. C’est bien tentant.

Nous avons donc vu paraître une brochure intitulée : Sous le masque d’Alfred Jarry : les Sources d’Ubu-Roi, par M. Charles Chassé, agrégé de l’Université, professeur d’anglais à l’École navale. En sa qualité d’anglicisant, M. Charles Chassé a nécessairement étudié la question Shakespeare ; peut-être n’est-il pas stratfordien, et croit-il que les œuvres de Shakespeare sont de Bacon, ou de Rutland, ou du sixième comte de Derby. On voit qu’il a emprunté son titre à l’éminent proderbyste, M. Abel Lefranc, son confrère du Collège de France. Quoique M. Pierre Louys s’en soit mêlé, et affirme que les œuvres de Molière sont de Corneille, la recherche des sources, plagiats et faux états civils est, en général, une spécialité universitaire.

Donc, d’après M. Charles Chassé, Ubu-Roi n’est pas d’Alfred Jarry, mais des frères Charles et Henri M… dont il a promis de ne pas publier le nom en toutes lettres ; maison l’a donné ailleurs, au cours des polémiques