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Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/106

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UNE AFFAIRE UBU


par ces collégiens en révolte, et que c’est lui le prototype du père Ubu. L’un d’eux dit aujourd’hui : « Il a pu nous faire rire, mais il n’a jamais été odieux. Ce que j’ai su, depuis, de sa vie privée est tout à son honneur… » Et cet apologiste ajoûte que Jarry a commis une mauvaise action lorsque, dans une conférence, il a présenté Ubu comme « la déformation par un potache d’un de ses professeurs qui représentait pour lui tout le grotesque qui fût au monde. » On ne voit pas bien la mauvaise action de Jarry, puisqu’il parle lui-même de « déformation ». Et son contradicteur reconnaît que « sur un plan imaginatif, on lui attribuait (à M. Hébert) les pires forfaits ». C’est cela qui m’étonne. Il ne m’avait pas semblé si ridicule, ni surtout si féroce, même superficiellement. M. Charles Géniaux, dans une lettre aux Débats, explique, avec des grandes marques de repentir, que M. Hébert était clérical, et que les mauvais garnements du lycée n’aimaient pas cela. Je me souviens aussi de monômes du quartier Latin où l’on conspuait les « postards » ; mais on ne les soupçonnait pas de vouloir « décerveler » leurs concurrents de Saint-