Je sais aujourd’hui qu’il s’en faut peu que ce ne soit rien du tout. À proprement parler, Ubu-Roi n’est qu’un tissu de pauvretés, avec d’énormes facéties scatologiques d’un esprit facile. Ubu conspire, tue le roi, devient roi lui-même, est détrôné à son tour et se sauve en bateau ; il est sale, mal embouché, goinfre, rapace, cruel et couard. C’est tout. C’est, si l’on veut, une parodie de Macbeth, et ce scénario pouvait suffire pour faire un chef-d’œuvre ; mais l’exécution est enfantine. Il est même comique qu’on s’en dispute la paternité. Pour le théâtre de Shakespeare, au moins, cela en vaut la peine. Quant à la pièce intitulée Ubu-Roi, elle existe si peu, que l’identité de l’auteur, ou des auteurs, n’importe guère.
Oui, mais, malgré tout, MM. Charles et Henri Morin dénigrent trop Ubu-Roi au moment même où ils font valoir assez âpre-