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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/107

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intempestif, parce que, moi, au théâtre, je réagis. Je ris ou je me fâche quand l’occasion s’en présente… Si je me sentais vraiment dans un salon, c’est-à-dire entre femmes du monde, je serais peut-être polie et, au besoin, remplie d’admiration. On m’a dit souvent : « Vous devriez vous laisser entraîner par le courant. La sincère politesse est encore de faire comme les voisins. »

Non ! je suis le pommier qui porte sa pomme. Si elle tombe sur le sol, dans l’indifférence générale, et y pourrit, je préfère la voir se désagréger, revenir au fumier universel, molécule alors utile à la terre, ma mère, que de m’évertuer à la tendre au passant, à la lui faire manger de force, très louche rappel d’un paradis… où les serpents avaient gardé le droit de siffler. En outre, je ne possède aucun défaut de prononciation.

Aujourd’hui, si la littérature est un luxe, elle doit se plier dans l’armoire comme la robe de soirée qu’on ne peut plus arborer ; si elle demeure un état d’âme, elle doit se réduire à la philosophie, à une étude plus sérieuse de