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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/15

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pas pris pied complètement dans cette glu !

Quand je voulus remonter il était trop tard : elle me tenait. Je ne parle pas de la boue. Je veux signifier sa présence réelle, de la possibilité de la femme qui demeurait là, elle aussi, comme l’objet rare, sous la vitrine bien cadenassée. Je la découvrais, je la sentais, car je n’oserais pas affirmer que je l’aie jamais vue, regardée face à face, mais je sais que je l’ai touchée, entendez-moi, je l’ai palpée… ce qui est autre chose que la voir. C’est, en quelque sorte, l’avoir. Il y a même une autre affaire encore plus grave : je sais, à n’en pas douter, qu’elle n’est pas belle ! Je crois qu’elle ne sera jamais belle. Vous m’avez déjà tous compris : elle n’est pas belle. C’est, naturellement, une pauvre créature condamnée à la prison perpétuelle et qui ne reçoit de visite que du bourreau ou de ses trop violents adorateurs, une bande d’énergumènes dont je me flatte de faire partie.

Elle tournait, tournait, dans un cercle vicieux (tous les cercles sont ainsi), elle formait son alvéole dans la boue comme une abeille