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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/155

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le moment de raconter comment j’ai fui. J’ai promis de remonter pas à pas ce calvaire pour ma propre édification. J’ai crié : Malheur à Jérusalem ! et je tiens à crier : Malheur à moi-même ! parce que je ne veux pas être une héroïne. Ce fut mon luxe de jadis de ne consentir à la mode qu’autant qu’elle me plaisait. J’ai fait vœu de ne jamais porter ni fourrures ni plumes achetées pour moi et j’ai distribué les plumes et les fourrures qui me venaient des héritages. Autant que possible je me refuse à ce qu’on tue en mon honneur. C’est une besogne dont on doit se charger soi-même. Être complice est plus lâche à mon avis qu’être bourreau. Ce sera donc mon luxe d’aujourd’hui d’être pourvue de bravoure facile… Je n’ai jamais aimé que l’impossible, mais en français. Opposons donc aux altitudes romanesques de l’arrière les autres altitudes qui en furent la préface.

J’étais à la petite maison d’ici, sans nouvelle, écoutant, étonnée, la pulsation profonde du canon. Quel canon ? Le nôtre ? Le leur ? On ne savait plus rien. Et des tauben, très