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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/156

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haut, rayaient le ciel comme des martinets de tempête, fin d’août 1914.

Le bon compagnon arriva, en voiture, pour me ramener à Paris. Ma fille, son mari parti, était venue chez nous avec un jeune chat qu’elle avait ramassé dans la rue, sa mascotte ! Je sentis tout de suite que ce petit chat, de la race de ceux dont les Agnès disent, en faisant sonner la liaison : le petit chat est mort ! perturbait l’intérieur de là-bas. Partir ? Pourquoi ? Était-ce pour revenir tous au bord de l’eau ? « Je ne sais pas où nous allons. » La voiture nous emporta dans une chaleur extraordinaire. Tout brûlait de l’air, de la lumière et du vent. Le bleu inaltérable du ciel avait la netteté aveuglante de l’acier dans la forge. Je ne pus m’empêcher de remarquer que s’il avait été question d’une vraie partie de campagne il n’aurait jamais fait un pareil beau temps. Où était donc la guerre et ses désastres ? Sur la route, déserte absolument, des soldats gardaient les ponts et vous demandaient vos papiers. L’un d’eux vérifiant nos sauf-conduits nous les rendit avec le sou-