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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/17

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— Oh ! dit-elle dans un soupir qui me parut de sa part un peu naïf, vous avez de la chance, vous, d’être habillée quand il pleut.

Sa voix était maussade, étouffée comme le bâillement d’un animal agressif quoique paresseux.

De nouveau, je tombais de mon haut, cette fois-ci, moralement. Moi qui me disposais à lui demander ce qu’elle pensait du pessimisme, en général !

Je ne pus m’empêcher de sourire.

— Habillée, murmurai-je, vous voulez dire vêtue… car je ne m’habille pas.

— Vous voulez prétendre que vous ne vous habillez plus ?

Alors, ce fut là le début de cette sensation étrange qui me poursuivra tout le long de ce récit et qui vous le fera trouver plus étrange encore. Je reçus un choc derrière la tête, un très petit choc incapable de fêler, lequel donna tout de même son étonnant maximum de souffrance. J’eus l’impression que je n’étais plus moi, ni vis-à-vis d’elle, ni vis-à-vis de moi, que j’étais, ou devenais, un personnage d’une