Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/184

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tend que les Prussiens coupent les mains de tous les garçons ! Le nôtre a quinze ans. » Une désespérance bizarre s’empara de moi. Je n’avais pas dîné. J’étais très fatiguée, ayant oublié l’usage du train, la boîte où l’on est entassé sans l’arrêt du bon plaisir et, de plus, le bon compagnon ne revenait pas ! Cette idée d’une mutilation atroce, énoncée brutalement comme une chose naturelle, me suffoqua et je me mis à pleurer. Je le dis parce que c’est vrai et parce que j’ai dit aussi que je ne pleure jamais.

Enfin, voici le bon compagnon qui, me retrouvant entourée d’un grand concours de peuple, pense immédiatement que les animaux font les frais d’une émeute. On se réexplique. C’est bien pis : la petite n’est pas à l’hôtel. On ne l’a pas vue… pour une excellente raison, c’est qu’on y est renvoyé dès le seuil : il est plein et on met dehors tous les voyageurs qui s’y présentent. On se bal à coups de cannes devant les auberges combles.

Où est la petite… qui n’avait que cette adresse-là dans une ville inconnue ? Elle est le