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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/183

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descendis un peu plus bas et j’avisai un groupe de soldats à qui, sans aucune hésitation, je racontais mon histoire : « Si vous pouviez me faire arrêter, ajoutai-je philosophiquement, ce serait une excellente opération, parce que je saurai au moins où aller pour m’asseoir. » Les soldats pouffèrent : « Ah ! les s… ils en voient partout ! Ils crèvent de peur dans ce patelin-là ! Nous autres, on n’est pas d’ici, mais on ne rencontre pas un habitant sans qu’il nous dégoise son boniment sur l’espionne ! » Aux soldats se joignaient des indigènes, du bon peuple qui se mit à rire aussi. « Si on cognait sur leur porte », proposa un loustic. Cela tournait mal, car les soldats avaient une fière envie de se montrer galants : « On va vous porter vos paquets ! » Justement, il aurait fallu savoir où. D’explication en explication, un civil déclara qu’il était prêt à nous hospitaliser, moi, mon mari et le chat : « Seulement, faudra pas être trop difficile, nous n’avons que la chambre du petit… une mansarde. Nous l’avons fait filer, ce gosse, parce qu’on pré-