Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/24

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conte que certains ossements se changent en turquoises dans des terrains riches de phosphates d’alumine… De sorte qu’on pourrait porter une bague faite de la substance de sa victime… Tout arrive et je suis au fond des plus incroyables aventures. Comprenez-vous ?

— Certainement. Dois-je passer au chapitre des chapeaux ?

— Je ne vous en dispenserai pas.

— Je n’ai plus de chapeau. Quand j’ai atteint la cinquantaine, j’ai pris le bonnet, sans plume ni cocarde, des paysannes de mon pays, le bonnet de dentelles ou de velours qui est le serre-tête des matrones sérieuses et aussi le béguin des pauvres orphelines.

— Oui, oui, je sais. Là-dessous on n’a jamais pu examiner si la paysanne ou la pauvre orpheline savait se coiffer. Ses cheveux blancs (ou sa paresse) y trouvent un asile inviolable. Et vous avez combien de bonnets ?

— Treize, fort exactement. Ils sont assortis aux costumes, et puisque vous êtes au courant des choses de la mode, vous devez savoir que l’on assortit la coiffure tantôt à la garni-