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XII


Elle est assise sur la margelle de son puits. Elle est nue et luisante comme la nacre qui vient de la mer. Je suis allée la trouver au long d’une somnolence étrange qui s’est emparée de moi depuis ces quinze jours d’absolue solitude. En me penchant sur mon balcon, j’ai eu le vertige, parce que les roses sentaient trop fort après une pluie d’orage ou parce que je pensais au néant de toutes les joies promises. Je ne suis pas plus certaine aujourd’hui qu’hier de sa présence réelle, mais il me plaît de lui dire que je la conçois mieux hors de son empire habituel qui est l’ombre, l’ombre du doute.

Une terre nous entoure à perte de vue, ondulée sous une couche de nuages bas, un plafond prêt à crouler dans la foudre ou la poudre, et cette terre semble un océan figé