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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/263

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au moment de la houle, chaque vague chevauchant l’autre et cherchant à se fondre, à se résorber en elle. C’est le désert, mais c’est aussi un nouveau monde, encore insensible, en puissance dans un néant qui n’est qu’une monstrueuse apparence :

— Oui, me dit-elle, continuant une conversation que je n’ai pas osé entamer. Ce sont leurs tombes, leurs corps immobiles sont là-dessous, attendant la résurrection naturelle. Ceci nous représente la seule réalité de la guerre, mais parce que la souffrance fut noblement supportée, parce que les cris furent étouffés dans l’orgueil de bien mourir, on espère qu’ils sont morts pour leur plus grand bonheur.

— Ils sont morts pour que nous vivions, pour que la patrie puisse continuer à être la patrie, Madame !

— Les meilleurs sont donc partis pour laisser la place aux… autres ? Le héros digne de ce nom est toujours celui qui ne revient pas. Que fera-t-on de ceux qui n’ont pas été des héros ?