Aller au contenu

Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des lits détestables. Ils conservaient le sourire, s’efforçaient, de leur côté, de me prouver que tout marchait le mieux possible et que, si je ne pouvais plus écrire, c’était à cause de leurs enfants qui poussaient leurs cris… Et puis ces gens-là croyaient à des vérités qu’ils ne cherchaient pas, pendant que moi je ne crois même plus à la vérité que je trouve. Ils étaient raisonnables, sages, remplis de l’idée qu’il faut une ligne de conduite à la vie ordinaire comme il faut laisser le corps du blé, qui est le son, dans le pain qu’on mange et surtout qu’il faut fuir les exagérations, les quintessences, en général tout ce qui n’est pas la manière naturelle de vivre…

Ils sont partis, las d’attendre le retour de la Belgique ! Le Seigneur (celui que j’appelle : le saigneur) me les avait donnés, il me les a repris… et nous, nous ne reprenons pas la Belgique…

Je continue à entendre le canon de F…, les essais de mort plus sinistres, selon elle, que la véritable tuerie, parce qu’ils doivent l’éterniser. De temps en temps la vibration arrête ma