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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/51

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tranquillité, le hibou qui demeure dans nos rochers, derrière la maison. Ce hibou ne sautille pas comme les autres oiseaux, il marche d’un pas lent, frôleur, très préhensile. Sa patte lourde, phalangée, onglée, festonnée de plumes ou de duvet épais se pose comme une ventouse. Si élastique ou si humide que puissent être la mousse et la tuile, son pas claque à la façon d’un petit sabot de velours. J’ai reconnu le hibou, mon frère. Celui-là pense la nuit, c’est-à-dire qu’il chasse, qu’il rôde sur le sentier de la guerre. Attendez que je vous explique mieux, car les exemples ou leçons de choses valent toutes les psychologies : j’ai entendu distinctement une mouche crier au secours.

Maintenant que j’ai noyé dans les larmes du fou rire ce que vous pouviez avoir d’attendrissement poli sur mon cas pathologique, daignez m’écouter jusqu’au bout. J’étais dans une pièce assez obscure, occupée à ranger des chiffons dans un tiroir et je ne vous peindrai pas le tableau plus pittoresque qu’il ne se montrait à moi. Comme je me