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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/57

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foyer dans lequel brûle ce qu’on appelait autrefois : un petit feu de veuve, deux bûchettes en croix qui se rongent l’une l’autre sans aucune chaleur, s’entrant inutilement leurs crocs de braise dans l’écorce et pleurant de dépit. La mère, paysanne, la possible veuve, regarde se consumer ses espérances. L’enfant joue plus bas, car il a entendu dire que son père était perdu, avait disparu comme une chose, un objet qu’on égare, qu’on sème quand on déménage ou emménage trop vite.

Ça peut donc se perdre, un homme, tel un chien qui ne répondra plus à l’appel… parce qu’il sera mort, tel un chien pourrissant dans le coin d’un bois auprès de la borne d’une route ? Mais la femme n’a pas reçu le coup définitif, elle, et elle espère. C’est la loi. Il faut espérer ou mourir. Et qui voudrait se suicider pour grossir l’hécatombe ? On tient… à ne pas mourir. On ne croit pas à la mort. En effet, mourir c’est disparaître… s’en aller à l’anglaise pendant que les autres continuent à dire du mal de vous.