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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/61

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leures ne valent rien. Une chose trop vaste ne peut pas, ne doit pas, être embrassée avec cette frénésie. Je crois que la censure est une demi-mesure maladroite : il fallait tout couper, surtout les informations à côté, le pittoresque. Les journaux ont des révélations qui sentent les ordres reçus ou… le dégoût d’obéir et les écrivains battent la campagne pour leur propre compte. Ah ! pourquoi ne s’est-on borné à un communiqué officiel sincère, tout nu, la conscience de toutes nos consciences ? Après le miracle de la Marne, combien de temps a-t-on mis à nous l’expliquer, à nous faire lire l’admirable proclamation du général Joffre ? Et pourquoi, chaque fois qu’un glorieux fait d’armes est annoncé, semble-t-il anonyme ?

Je dis ces choses comme je les pense, je les pense comme une femme, instinctivement, sans me demander d’abord s’il est bon de les écrire et ce qu’elles rapporteront à mon patriotisme. S’il y a des mots d’ordre, je ne les connais pas et ne veux point les connaître. Je ne crois pas à la beauté d’une fiction lors-