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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/93

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en moins simple depuis que nous avons deviné que la femme fantôme est double. Elle ne parle jamais : c’est bien. Elle ne travaille pas : c’est mal. À son sujet je me rappelle cet article du Bonnet rouge, un article un peu fort en épices, intitulé : « Pas plus fainéante que vous, Madame ! » en réponse à je ne sais plus quelle réflexion de ma part, dans La Vie, sur la paresse de certaines créatures de la guerre (je devrais dire : créations). N’en déplaise à la brave féministe, je me tourmente à propos des paresseux sans jamais exiger d’eux la même somme de travail que je peux fournir. Non, personne, dans le peuple, n’est capable d’abattre du travail comme moi, simplement parce que pendant les travaux manuels les plus durs je peux y penser. Je n’exige pas l’intelligence. Je ne crois pas à la ferveur. Je n’estime que la conscience. Je nettoie une étable avec conscience et je pense à ce que je dois faire pour la nettoyer en oubliant tous mes romans au point que si on m’appelait à ce moment-là par mon nom de romancier, je ne comprendrais plus l’autre