Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/111

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priétaire refusait à ses fermiers en prétendant que ce qui manquait le plus aux travailleurs de ses champs c’était encore le courage des bras. Il n’avait peut-être pas tout à fait tort.

— Regarde-moi ça, disait-il, désignant du bout de sa cravache une charrue plantée au milieu du dernier labour et encroûtée de mottes jusqu’aux mancherons, ils l’ont abandonnée là depuis au moins quinze jours ! Ils sont tellement paresseux que cela leur semble tout naturel, et d’ailleurs ce n’est pas l’ouvrier qui paie son outil, chez nous !

Ils étaient venus par le mauvais chemin de la colline qui conduisait au village de Tressac, chemin de traverse plus long que la route de la vallée, mais plus pittoresque. En se retournant, ils pouvaient contempler un beau panorama tout constellé de givre. Les prairies d’en bas semblaient lustrées de débris de miroirs et sous les saules bordant les ruisseaux on voyait fuser des reflets de soleil en éclairs