Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/120

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Il ne chassait nullement sur les terres de ses voisins, mais à la vue du singulier et tragique tableau que formaient cette jeune amazone en larmes, ce pauvre diable en sang, il sauta lestement à terre, se découvrit d’un geste respectueux :

— Mon Dieu, mademoiselle, que faites-vous ici ? Pourquoi pleurez-vous ? Et qu’est-ce que c’est que cet homme blessé ?

Un instant, Félia eut l’idée, un peu lâche, de remonter à cheval et de se sauver à toutes brides. Son cœur battait si fort qu’elle y renonça.

— Ah ! le pauvre garçon ! s’écria Roland de Malet en se baissant pour examiner le braconnier, dont les yeux commençaient à luire d’une espérance folle.

— Monsieur, murmura Félia, dont les yeux brillaient aussi, les prunelles d’émeraude ayant repris tout leur éclat, vous pourrez peut-être le sauver, vous ? Il faut se dépêcher. Mon père va ramener le garde champêtre… ce sera peut-être trop tard s’il a la jambe coupée…