Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/143

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Le comte de Tressac permettait rarement à ses enfants de sortir avant lui de la salle à manger. Il aimait à discuter interminablement au sujet des menus incidents de la journée, parler de la politique locale ou des déprédations des bûcherons dans ses coupes. Il ne détestait pas que son fils lui tînt tête pour le plaisir de le contredire ou de lui faire de la morale.

Quant à sa fille, elle pouvait ranger la vaisselle que la Brésille remontait de la cuisine, mais sans bruit. Au moindre heurt d’une assiette sur le buffet, il élevait la voix pour des remontrances, s’adressant aussi bien à la demoiselle qu’à la servante.

— Bonsoir, papa ! vint dire Félia en s’inclinant légèrement devant son père, comme si elle lui tendait son front. Le geste suffisait, car on la dispensait de toute effusion superflue entre personnes sérieuses.

Et elle sortait de cette pièce tiède, de la chaleur un peu vivante des endroits où