Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/147

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— Mais non. Il passait. Papa venait de partir pour aller au village…

— Oui, je vois cela d’ici.

Il s’était assis près d’elle, sur son divan, la tenait serrée à lui couper la respiration. Les yeux dans ses yeux, elle ne lui échapperait plus. Son cerveau de fillette transie, de peur ou de froid, serait mis à nu par sa volonté passionnée.

Elle raconta tout, en courtes phrases, lui tendant ses lèvres avec une soumission fervente et quelquefois, lui souriant, ravie d’avoir chaud :

— Tu sais, je ne l’aime pas, je ne l’aimerai jamais comme toi, mais je l’épouserais bien tout de même parce que je me sens perdue, ici, comme dans la forêt… Je rêve que j’entends hurler des loups qui veulent me mettre en pièces et il y a ce sang qui coule, oh ! le sang du pauvre Garillac !… pour deux lapins de garenne, ce n’est pas juste ! Vois-tu, Féli, M. de Malet a raison de dire qu’il ne faut pas prendre les gens ni les animaux avec des pièges pareils… c’est trop méchant.