Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

erreurs et vous vous repentirez. Si, je comprends bien, je comprends trop !… Sous l’empire des sens, de quoi n’est-on pas capable… Mon enfant, il faut rompre cette odieuse chaîne… Il le faut…

Laure hocha doucement la tête ; la tresse de ses cheveux glissa de ses épaules sur le grillage du confessionnal, et le confesseur sentit leur parfum l’envelopper comme si la fourrure d’un grand fauve s’était abattue sur lui.

— Je ne veux pas rompre, mon père, continua-t-elle, non, je ne peux plus… je ne l’aime pas, et je l’aime ; il me semble souvent que je le hais, car il me plonge toute vive dans un effrayant purgatoire. Il est ma punition en même temps que mon plaisir… mais… (et ici elle soupira) il me protège contre un plus sérieux danger. Je lui en ai de la reconnaissance.

— Un danger ? murmura le prêtre frissonnant.

— Oui, mon père ; c’est par amour pour un autre que je me suis livrée à Lucien Séchard, j’ai cru qu’il valait mieux me damner toute seule que de damner l’autre avec moi…

— Taisez-vous, mon enfant ! bégaya l’abbé faisant un geste de colère.

Elle reprit, humblement soumise :

— Et puis, mon père, il est si bon, ce garçon, si passionné, si délicat… La nuit, quand je ne le vois plus et que j’arrive à l’oublier, je crois que c’est l’autre, celui que j’aimerais tant !…

— Laure, silence !… je vous défends de parler