Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/247

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cierges, sortant d’un grenier, la tançaient brutalement, ou un voisin facétieux lui donnait la chasse. En tous les cas, ce serait très ennuyeux de se livrer à des discussions. Il s’habilla, cherchant avant tout à se présenter d’une façon correcte, et il achevait de boutonner ses manchettes quand les jeunes gens lui tombèrent du ciel. Laure, très calme, en apparence, les lèvres écartées sur ses dents retroussées, deux dents avançant à droite et à gauche de la mâchoire supérieure qu’elle avait comme deux petits crocs sinistres, lui dit simplement :

— Tiens, vous ne dormez plus ?

Suffoqué par ce vous lancé d’un ton sifflant, il mit la main sur ses yeux encore bouffis de sommeil.

— Voyons, ma chère, que signifie tout ce tapage, vous m’avez épouvanté !

Puis, se tournant, de plus en plus abasourdi, il examina Auguste qui se redressait, humant l’air comme un bon chien sur la piste.

— Quel est ce drôle ? demanda-t-il hautain.

— Ce drôle ! gronda le jeune garçon, serrant les poings. Attendez un peu pour me traiter de drôle, s’il vous plaît ! Moi, je viens pour vous dire que vous gênez mademoiselle, voilà ! Elle racontait que j’avais peur, alors j’ai sauté pour lui prouver le contraire.

— Il est ivre ! fit-il, ayant l’idée qu’il allait être ridicule s’il se fâchait tout de suite.

Il grommela :