Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/310

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pira-t-elle pendant qu’il se dirigeait du côté de la porte. N’oublie pas mes clés !

Il se retourna, souriant, les lui montrant en l’air.

— Oh ! la rusée, qui désire me mettre dans l’impossibilité de ne pas revenir, comme si je ne lui laissais pas mieux en gage !

Elle sourit aussi, lui envoya un baiser.

— Je vais dormir, alors, jusqu’à ton retour, et je ne douterai plus. Adieu !… Adieu !

— Au revoir !

La clé fit un léger grincement. Il la retira, et Laure demeura prisonnière.

Elle se recoucha toute frémissante d’une joie sauvage, se roula sur la place tiède qu’il venait de quitter, transportée de plaisir. Elle le possédait enfin, son mâle, son maître et son fervent !… Une idée amusante lui traversa la cervelle.

— Quand on pense que nous ne nous sommes toujours pas dit nos noms !

Elle rit de bon cœur.

Mais on aurait bien le temps. Ils avaient commencé par la fin, et ils rétrograderaient dans ce doux chemin de la passion pour y cueillir une à une toutes les fleurs qu’ils avaient dédaignées, tant la pente avait été rapide. Du milieu de ses fougues, Laure voyait éclore un sentiment plus délicat. Elle serait capable d’aimer chastement si cela était nécessaire.

De secrètes inquiétudes la prenaient, qui ressemblaient beaucoup à des remords. Comme une