Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

corolle fine s’épanouissant dans une ruine noire, son cœur brûlé portait la rose pâle des repentirs d’amour, et, pourrie un peu par la luxure, son imagination se créait des fantômes et la faisait s’humilier avec de pieux actes de contrition. Son état d’âme aurait excité l’envie d’une honnête femme. Elle désirait expier des choses, avouer tous les péchés pour obtenir, après l’exposé des détails et des circonstances, le baume du pardon sincère ; car elle était si jolie, n’est-ce pas, qu’elle pouvait avoir confiance dans l’absolution de son amant ?… Elle jeta de loin un coup d’œil furtif au grand miroir placé en face du lit, à l’autre bout de la pièce, et s’envoya encore un sourire ; puis, très lasse, rêvant de l’homme qu’elle attendait, elle s’endormit toute nue, les bras en croix au-dessus de sa tête radieuse, noyée dans le flot sombre de sa chevelure dénouée.

Elle dormait profondément, lorsqu’un bruit effrayant, un guttural cri de bête l’éveilla en sursaut. Elle tressaillit, et ses entrailles furent remuées par ce cri déchirant comme par le râle d’un enfant qu’on égorge. Elle devina que Lion, son fils, venait de rentrer, crevant de faim ou blessé peut-être, et se redressa la sueur au front, les bras tendus.

— Mimi ! s’exclama-t-elle. Mon pauvre Mimi que j’avais oublié ! Comment faire ? Est-ce que je peux proposer à un homme qui va au pays des vrais lions d’emporter un chat ! Il se moquerait de moi… Et pourtant, abandonner Mimi… oh ! ça, jamais !…