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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/153

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des belles dames ont des titres de… carton. Il n’y a pas d’offense quand on avoue.

Il eut un rire tendre et canaille, détacha son carnier et le laissa glisser jusqu’aux mules de velours noir.

— Ne vous foutez pas de moi, dites ? Ça ne serait pas à faire, parce que, duchesse ou non, je vous corrigerais… Je ne suis pas du tout du bois dont sont fabriqués vos domestiques.

Jusqu’ici, la duchesse de Montjoie ne s’était jamais souciée de son titre. Toute sa noblesse résidait, pour elle, dans sa beauté, et si on l’avait prise pour femme légitime, la faisant princesse, c’était, selon sa pensée, le mari qui s’était anobli. Comment lui prouver cela ?… Et, surtout, pourquoi le lui prouver ? Que comprendrait-il ? Elle recevait une leçon de morale de la part d’un très pauvre, d’un de ces hors-la-loi qui ont le moins besoin de la légalité, et voici que ce va-nu-pieds lui réclamait ses parchemins, exigeait de savoir, au juste, qui était cette dame qui vivait avec trois hommes qu’elle entretenait, se recommandait d’un quatrième, le duc de Montjoie, un monsieur l’ayant abandonnée à tous les désordres, s’étant sauvé