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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/190

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— C’est bon ! Faites entrer.

Les trois courtisans se levèrent, se consultant du regard.

— Non, répondit Lionnelle à leur muette interrogation ; vous pouvez rester là, puisque, paraît-il, je dois tenir mon sérieux.

Ils restèrent, extrêmement vexés de se trouver à pareille fête.

Stephen-Eros fit semblant de parcourir le journal. Jousselin coupa un cigare et Jacques Moriel aligna des chiffres sur un bout de calepin. Ces messieurs sentaient de l’orage dans l’air, mais ils n’avaient pas encore soufflé mot de l’aventure du château de Coulance, qui défrayait toutes les conversations des offices. Pour une escapade de duchesse, ce n’était pas très correct, mais l’auto découverte, le plein soleil, l’audace même de cet enlèvement, éloignaient toute idée d’intrigue. Si le garçon était fort beau, il l’était à la façon d’Un animal curieux, d’un chien de chasse ou d’un cheval sauvage. Ça ne représentait pas un homme possible, et la duchesse de Montjoie, qui craignait les manifestations brutales, ne risquerait pas le dangereux nocturne avec celui-là.

— Bien des pardons, ma mie, fit la vieille