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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/211

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s’amuser… comme… enfin comme les autres ! J’ai cru qu’il allait lui arracher les cheveux. Ah bien pour ça, non, y a rien eu de fait, ni ce matin-là, ni les matins suivants, et ce serait rare qu’il me l’aurait pas montrée puisque je vous dis que c’est moi qui secoue la mousse de son lit, rapport aux vipères, car, il y a pas plus traîtres que ces vermines-là quand ça sent la chaleur dans nos caves.

Elle ajouta, naïvement, avec la fierté particulière qui redresse les prostituées les plus lâches dès qu’il s’agit de vanter les qualités du mâle ;

— Pensez-vous qu’il se serait gêné pour aller faire ça chez vous si ça lui avait convenu. Ben ! On voit de reste que vous le connaissez pas.

Lionnelle eut un frisson et voulut se lever. Elle tamponnait ses yeux avec un petit mouchoir de dentelles, puis elle chercha sa trousse de poche : boîte à poudre, rouge en étui et miroir de vermeil.

— Vous êtes des gens… effrayants mais bien sympathiques, soupira-t-elle. Tu vas demeurer avec moi pour me reconduire ou me garder des mauvaises rencontres, n’est-ce pas, ma jolie ?