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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/226

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pauvre Lionnelle, à ce tournant très dangereux de votre existence et si je n’ai jamais cessé de m’informer de vos nouveaux caprices c’est que je savais, à n’en pas douter, qu’un jour viendrait où vous seriez plus humaine. Je n’ai jamais accepté le divorce, d’abord parce que la religion de mes pères me le défend, ensuite parce que je considère cette possibilité de séparation comme un crime vis-à-vis des enfants que l’on peut avoir. Et vous avouerez, avec moi, combien j’avais raison. Vous voulez vous séparer tout à fait de moi et vivre avec les seules rentes que vous font vos parents, mais cette trop grande loyauté vous amènerait à la perte absolue, justement, de cette considération sociale dont nous avons tous besoin, les femmes encore plus que les hommes. Je ne sais même pas de quelle manière, en l’occurrence, vos parents vous admettraient à leur foyer, femme sans mari y rapportant un enfant sans père ! Non, ma chère Lionnelle, je me refuse au divorce, aujourd’hui plus que jamais. Vous me donnez une grande satisfaction à constater votre soumission d’humeur à ce triste destin, mais je ne puis pas oublier que vous êtes ma femme légitime, que vous