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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/45

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tement, le sorbet rose à la framboise, et il sourit :

— Je comprends bien, mais s’il ne revenait pas ?

Il interroge et parle comme chez lui. Sa voix est prenante, très basse, un peu sourde, avec un accent mordant prêt à éclater.

Tout en noir, il a un gilet de velours sur lequel brillent trois perles jaunes serties dans un or terni, des boutons très anciens ; sa cravate floue, en soie jaune, se mêle à sa chemise de soie aussi. Sous son feutre un peu large de bords, ses yeux d’un gris d’acier froid flambent singulièrement. Sa bouche fine, imberbe, méchante, railleuse, tremble légèrement sur les paroles qu’il prononce, comme très pressé de dire ce qu’il dit. Il tient une canne d’ébène incrustée d’argent presque bleui, ayant passé par le feu.

Quel âge a-t-il ? Trente ou quarante ans ? Ou ne sait pas, car son teint, très blanc, est celui d’un blond ; mais il est brun, un peu touché de gris aux tempes. Toute la sévérité du costume sombre s’atténue dans la fantaisie des boutons anciens ; cependant, la souplesse de ce corps, large de poitrine et de taille encore