Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Petite madame, voulez-vous me permettre de vous consoler ?

Elle redresse follement la tête. Un homme lui parle et ce n’est pas son mari ! Dans le bruit des conversations, des cris de ceux qui appellent ou commandent, des coups frappés sur les marbres ou sur les verres, elle n’a pas entendu s’approcher ce consommateur. Il est tellement près d’elle qu’il semble qu’il y était déjà depuis longtemps ; or, elle ne l’a jamais vu… cependant, il a dans les yeux un regard qu’elle connaît, un ordre qu’elle reçoit, comme le déclenchement d’un vouloir qu’elle sait parce qu’elle a déjà voulu entendre cette voix. C’est une voix qui sort d’elle.

— Monsieur, murmure-t-elle, docile cependant au souvenir d’un enseignement de bon ton, il va revenir et vous ne pouvez pas prendre sa place.

Le malheur veut qu’elle dise : il au lieu de : mon mari. Mais elle ne pense pas qu’on puisse se méprendre. Elle est déjà une femme comme il faut parce qu’elle ne veut apprendre que ce métier.

Il s’assied, s’accoude à la table où fond, len-