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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/57

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avoir grimpé interminablement une côte raboteuse où l’on sautait à briser ses ressorts.

Et ce fut comme le vertige du fameux cercle de la mort. Quand allait-on quitter la terre ferme pour sauter dans le vide ?

Elle fermait les yeux, maintenant résignée à tout. Elle n’avait pas la cruauté de désirer aussi qu’il en mourût, mais elle aurait tant aimer, ne pouvant plus aimer autre chose, bondir par-dessus ce baquet, se voir tomber dans l’abîme du ravin proche, disparaître en tournoyant encore un peu, telle une feuille arrachée d’un arbre s’en allant se faner, agoniser, mystérieusement, dans un repli des mousses.

La forêt l’entourait, profonde, redoutable ; elle paraissait sans commencement ni fin. Son ombre était suffocante et épaisse. On la mâchait entre les dents. Elle vous bandait les yeux, vous défendant de la pénétrer alors qu’elle entrait en vous et vous prenait à la gorge.

Là, on croyait deviner une troupe de gens en armes embusqués pour vous demander la bourse ou la vie. Plus loin, c’était un monstre accroupi qui s’appuyait au remblai, prêt à sau-