Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/70

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tenant, mademoiselle, nous allons parler d’amour… car nous sommes très loin de la terre… de la terre où l’on vulgarise et où on ne sait plus créer de beaux songes pour les enfants sages.

IV

Ce boudoir, tendu de rouge, était rempli de bibelots chinois. Un vieux magot, l’air bienveillant, contemplait les amoureux de son regard oblique, bridé, très brillant parce que le point visuel se formait de deux fragments de marcassite. Des potiches énormes, ventrues, reposaient sur des socles d’ébène incrustés de nacre, luisant en reflets d’étoiles. Un grand divan de soie rouge contenait des coussins violets, bleus et verts, dont les broderies merveilleuses rappelaient le chatoiement des plumes de paon. Un peu d’encens brûlait dans une coupe de bronze au pied d’une idole peinte sur fond d’or montrant une déesse satanique à plusieurs bras en forme de reptiles,