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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/71

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Des fleurs curieuses penchaient leur tête fatiguées de sentir bon et comme se fanant dans la propre exaspération de leur parfum. Et puis, aux mure, des livres, des livres, des reliures sombres rehaussées de dessins clairs, damasquinées comme des armes. On avait entassé là tous les trésors de la pensée, tous les mystères des religions et tous les rites des cultes païens pour la beauté classique. Il y avait peut-être de ces vieux bouquins défendus aux profanes et qui gardaient, en leur grimoire inquiétant sabré de signes cabalistiques, des secrets dont on avait perdu le sens.

Et les sièges confortables, larges et lourds à traîner, le grand bureau d’ébène où quatre chimères plaquées d’écaille, semblaient inviter tout autant à la méditation studieuse qu’à l’extase de certaines contemplations maladives.

Une baie de cristal, lumineuse, séparait le boudoir du parc et c’était, au milieu de la féerie luxueuse combinée par les hommes, la vision de la splendeur nue de la nature. Des grands arbres, une pelouse où se dressait la pâleur d’une statue de marbre, un étang dont l’onde moirée venait lécher les trois marches de pierre descendant vers une barque. Par