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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/125

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Madge me tournait le dos. Je voyais ses boucles briller sous son voile blanc ; la couronne, que je lui avais mise sur le front, semblait lui peser. Elle penchait la tête en arrière, sans oser regarder James.

Lui, il était renversé sur le dossier de sa chaise ; ses traits exprimaient une profonde fatigue. Le sombre costume qu’il portait faisait ressortir son teint mât. Un observateur attentif eut pu apercevoir, sous ses paupières, une ombre bleue ; la même ombre existait aux coins de ses lèvres. Parfois, ses narines se dilataient, ses yeux se faisaient brillants ; je le voyais crisper ses doigts sur le manche du couteau qu’il tenait, puis, il prenait une pose un peu plus nonchalante et adressait la parole, en souriant, à sa jeune femme.

Je m’éloignai de la fenêtre, la vue de cet homme me faisait horreur. Je remontai dans ma chambre, je mis de l’ordre dans mes papiers ; j’écrivis une lettre à Madge, lui disant que j’avais voulu partir ainsi parce que maintenant je la savais heureuse ; je voulais voyager, j’étais libre et je craignais que sa tendresse ne mît obstacle à mon départ… Je ne