Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ciais mieux, il avait fait bon accueil à l’auteur et à la compagne de mes jours. Il comprenait toute la famille dans son home. Madge eut, à côté de ma chambre, un nid tendu de mousseline suisse avec un bon tapis et une veilleuse en verre de Bohême au plafond. Il nous avait fait choisir les meubles. Je ne m’étais pas occupée de mon appartement, je le lui avais laissé arranger ; mais celui de ma sœur avait été entièrement aménagé par moi. Mon père mit son lit dans la bibliothèque. Désormais, il allait vivre avec ses favoris, Shakespeare et lord Byron. Dans l’écurie de Peddry, il y avait un pur sang, le troisième favori de mon père, et un charmant poney, l’idéal de Madge. Mon train de maison n’était pas difficile à mener : quatre domestiques, des deux sexes, à diriger. Le soir, le matin, je devais aller au bureau de mon mari, écrire, sous sa dictée, des lettres d’affaires, copier des quittances. J’avais une belle écriture. Je faisais les chiffres comme un commis de banque. Mon instruction était solide, ma tête sérieuse ; à la rigueur, je pouvais remplacer le directeur des forges de Peddry ; c’est, je crois, pour ces qualités, plus utiles