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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/13

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mais cela rapporte. Il faut avoir mauvais goût pour préférer une nature échevelée aux schellings qui poussent dans ces champs-là. Sans compter que ces schellings peuvent se convertir en livres sterling et vous procurent le plaisir d’aller chercher ailleurs que chez soi une nature telle qu’on la rêve. Entre l’usine et le cottage, il y a une pelouse ; sur cette pelouse, une touffe de roseaux balançant, hiver et été, leurs longs panaches d’argent. Au bout de la pelouse, une barrière peinte en vert ; après la barrière, l’usine, le monstre. Quand j’arrivai à Peddry, le soir de mon mariage, quand, du haut du perron, j’entrevis ces bâtiments ténébreux, ces lucarnes où dansaient de rouges lueurs, j’eus le frisson. « Bah ! pensai-je, on s’y habituera. » Néanmoins, durant toute ma nuit de noces, au lieu d’écouter les amoureux propos de mon époux, je fus préoccupée du sabbat que faisaient les machines et du ronflement du haut fourneau.

Edgard était un vrai gentleman. Bien qu’il fût maître d’usine, il n’avait pas les mains noires et ne vous parlait pas de ses correspondants de Londres. Ensuite, chose que j’appré-