Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/140

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La pendule était un cadeau de mon père ; le sujet, un peu malicieux, représentait un Vulcain couché aux pieds d’une Vénus.

Quand j’entrai, je constatai du désordre : le voile traînait à terre, la couronne était posée, sans soin, sur la chaise-longue. De ci, de là, la robe blanche, le corsage, le bouquet de fleurs d’oranger…

Madge s’étirait comme une chatte, dans son lit. Ses cheveux d’or retombaient, épars, autour d’elle ; sous les broderies de sa chemise, je voyais sa chair rose et fine comme les pétales des camélias.

Je vins embrasser ma sœur en hésitant ; elle me rendit mes caresses gaiement et me dit en essayant, mais en vain, de faire la moue :

— Comprends-tu James ? Il s’est levé à sept heures… C’est affreux !

Je fus de son avis. Nous parlâmes de choses et d’autres pendant cinq minutes. Elle se leva et je procédai à sa toilette moi-même. Une mère n’eut pas mis plus de soins. Sa robe était sombre aussi. J’en tirai tout le parti possible pour faire valoir les beautés de Madge, fort nombreuses. Je la coiffai et je puis dire