Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/141

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que cette coiffure était amoureusement jolie. Jamais, même la veille, ma sœur n’avait été mieux. Elle se laissa tourner et retourner d’assez bonne grâce. Quand j’eus fini, elle se recula de quelques pas, devant la glace.

— Je crois, dit-elle, avec un joyeux sourire, qu’il m’admirera aujourd’hui autant qu’il l’a fait hier.

— Il t’a donc bien admirée, hier ? dis-je en étouffant un soupir d’angoisse.

— Ah ! tu as pu t’en rendre compte, il ne me disait rien… Il me dévorait des yeux, tout le temps.

Oh ! je m’en étais bien aperçue, et quels regards, mon Dieu !

Elle me demanda ensuite ce qu’il lui faudrait faire dans la maison, maintenant qu’elle en avait la responsabilité.

Je la suppliai de me laisser toute cette responsabilité, elle me dit :

— Que tu es bonne !

Et ne s’en inquiéta plus. Elle me parla à son aise de son amour pour son époux ; cet amour m’effrayait. Il y avait là un aveugle attachement. Elle mettait tant d’inconvenance