Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gants : il eut un mouvement de répulsion. J’en fus extrêmement contente et j’allai me coucher avec un doux sentiment de reconnaissance pour Dieu qui sait mettre des bornes à ce qui nous a paru d’abord infini.

Pendant quatre ou cinq mois, ma situation ne changea point vis-à-vis de mon beau-frère ; nous nous évitions sans affectation, et nous n’avions, entre nous, que les relations strictement nécessaires.

Nous ne nous parlions jamais que devant témoins et bien rarement nous nous rencontrions seuls. Si cela arrivait, nos regards ne se rencontraient pas, eux ; nos visages restaient impassibles.

Pour Madge, James était attentionné autant que le comportait sa nature. Il la traitait en enfant et cédait à ses caprices avec une gaieté railleuse, parfois amère, qui m’inquiétait souvent, mais elle y était habituée ; elle se figurait être son tyran ; elle l’était, peut-être, dans les petites questions, mais dans les grandes, il la dominait complètement. Du reste, elle ne résistait pas avec lui.

James s’occupait beaucoup de l’usine ; les