Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/149

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C’était fête, l’usine ne travaillait pas ces jours-là, Madge était à Londres avec notre père ; son mari était dans les environs, chez un de ses ouvriers, malade ; moi, j’avais eu à écouter patiemment le long discours du révérend pasteur de Wolwich, je revenais avec nos domestiques ; la marche m’avait un peu fatiguée.

Pendant que je me reposais sur le canapé du salon, Juliette et la cuisinière étaient allées dans la cour de l’usine causer avec le cocher et le valet de chambre. J’entendais rire les femmes et aboyer le gros Burrague ; ils s’amusaient.

Je montai chez moi ; je posai mon châle et mon chapeau, puis, je redescendis au salon faire de la musique. Je ne jouais jamais qu’étant seule ; je savais que la musique impressionnait vivement James. Je m’en donnais donc à cœur joie, lorsqu’un bruit léger me fit tourner la tête. Je fus stupéfaite en voyant un homme derrière moi. Je me levai vivement et allai vers lui :

— Comment, dis-je en souriant, vous étiez là, Raglle ?

William Raglle était là, en effet, qui m’écou-