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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/154

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— Bien, très bien, je suis content d’avoir renvoyé ce garçon-là, alors !… très content !

Il se promenait en ricanant et ne s’éloignait pas, de façon à m’empêcher de sortir.

— Voulez-vous me laisser passer ? dis-je en essayant de me contenir encore.

— Non !… Faites ce que je vous demande.

J’étais atterrée ; je le croyais complètement guéri !

J’allai près de la fenêtre ; il y vint aussi. Je me retournai ; pour la première fois, nos yeux se rencontrèrent.

— James ! oh ! James…, balbutiai-je douloureusement.

— Quoi… Ellen ? dit-il avec un sourire.

Nous restâmes silencieux. J’eusse donné tout au monde pour voir, sur la route, le tilbury ramenant Madge.

Il y avait un fauteuil à côté de moi ; James s’y agenouilla à demi. Il posa son coude sur le dossier et, appuyant son menton sur sa main, il me regarda. Il paraissait très calme ; pas un muscle de sa physionomie ne bougeait ; seulement, je lisais clairement, au fond de son œil ardent, que sa passion était là, toujours la