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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/156

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Je lui tendis un paquet de morceaux. Il feuilleta un instant ; je le vis hésiter entre une valse allemande et un air de Donizetti. C’était la plus belle romance de Lucie qu’il me donna ; j’étais désespérée.

Mais, James, murmurai-je, je ne sais pas jouer cela, je…

— Voici la première fois que je vous prends en mensonge, Ellen.

— Quand me l’avez-vous entendue jouer ?

— Tenez, il y a deux jours. J’étais là (il désignait la porte), je passais ; je me suis arrêté, car j’ai de suite reconnu que ce n’était pas Madge. J’ai trouvé cet air magnifique, bien que je ne doive pas m’y connaître autant que William.

J’eus un geste de colère, il répéta sa phrase en riant.

— Ne continuez pas, ou je me retire à l’instant !

— Allons, chère Ellen, soyez bonne pour moi comme vous l’êtes pour tout le monde ; je ne vous en demande pas davantage.

Il vit qu’une larme glissait lentement sur ma joue.