Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/158

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que tu tiens devant toi comme un bouclier. C’est toujours elle que je trouve, c’est toujours toi que je cherche. Quand j’ai vu ce William ici, je ne sais pas toutes les folies qui me sont venues à la tête ! Je l’ai renvoyé, mais en arrivant, je n’en avais pas l’intention. Je revenais pour te voir, seulement, je ne serais pas entré, je serais resté près de la fenêtre ; je le fais souvent quand tu ne peux t’en douter…

Il s’arrêta ; les mots se pressaient sur ses lèvres tremblantes. Pour s’arrêter, il fut obligé de se mordre la bouche. Il tourna deux fois autour de la chambre ; il n’était pas calmé.

— Vous allez être satisfait de votre conduite, James ; demain, je ne serai plus au cottage.

— Oh ! j’en suis satisfait, oui !… Je te dis que ce supplice m’aurait rendu fou. Adieu, Ellen… Où allez-vous ?… Je ne vous inquiéterai pas dans votre retraite ; dites-moi où vous allez…

Il me prit la main.

— Adieu, adieu, répéta-t-il avec passion. Non, ne me dis pas où tu vas, car j’irais t’y chercher ; ce serait plus fort que moi.

Je m’enfuis hors du salon ; je m’enfermai